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LE MARI PASSEPORT

verts d’une jupe noire et d’un petit collet semblable qui recouvre la tête. Il maintient aussi le double voile de crêpe georgette noire cachant le visage. Ce collet, faisant pèlerine, tombe jusqu’aux hanches et dissimule les mains. Car on ne peut montrer ses mains sans pécher. Moi, sans y penser, je laisse pendre mes bras et Sett Kébir en est indignée. Des esclaves nous font cortège et nous guident, car aucune des femmes d’Ali Allmari ne connaît, pour s’y diriger, le dédale des venelles de la ville.

Nous quittons Djeddah par la porte de la Mecque et côtoyons la mer.

Sett Kébir me fait voir alors une immense maison blanche avec véranda centrale et douze fenêtres de façade, munie de contrevents verts, comme l’est une grande villa de banlieue parisienne. C’est Koseir el Ardar, qui appartient à Ali Allmari et sert de logis au roi Ibn Séoud, quand il vient ici. Le mobilier est une propriété de souverain.

Nous pénétrons dans ce palais par une immense porte cochère. Nous traversons vite le bas, qui est réservé aux hommes, comme d’usage.

Au premier, nous tombons dans un grand patio, dont les murs et les colonnes sont peints en vert. Le sol est dallé de carreaux noirs et blancs, sur lesquels je m’écorche sans cesse, ils sont mal joints et nous sommes pieds nus à l’intérieur.

On me montre avec dévotion la chambre à coucher royale. Les femmes sont convaincues, ainsi que les esclaves, que jamais de ma vie je n’ai rien pu voir d’aussi beau.

Je ne puis retenir ma gaîté devant un lit de métal argenté avec une glace ovale à la tête et des lampes électriques aux quatre montants. Un ciel de lit, également argenté, laisse tomber des rideaux de tulle à