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LE MARI PASSEPORT

harems. Les maisons sont si rapprochées, en effet, qu’on peut converser de l’une à l’autre et même passer des objets.

On peut échanger des propos de maison à maison à travers les moucharabiehs, car les harems sont tous au même étage, afin d’éviter le moindre rapport entre homme et femme d’une maison à l’autre.

Ma vie prenait peu à peu un nouvel aspect, sans grâce et amollissant comme est l’existence même de la femme orientale. Mais je n’avais pas la vocation. Au bout de deux jours, n’en pouvant plus de cet internement, je demandai à sortir pour acheter des tissus, afin de m’habiller comme les autres femmes. Car je n’avais rien d’autre que la robe noire portée, sous le sac blanc, lorsque j’arrivai à Djeddah.

Sett Kébir, calmement, me répond que tout le monde est à la Mecque et que les souks sont clos. J’insiste ; elle me promet de me faire accompagner, quand l’esclave aura fini de balayer. Ensuite, il faut que la vaisselle soit lavée, puis c’est le déjeuner, la chaleur, la nuit. Je suis évidemment séquestrée, malgré les ménagements dont m’entoure la courtoisie arabe. Je médite sur le moyen de sortir en cachette. Mais je ne suis jamais laissée seule. En outre, quatre ou cinq esclaves gardent la porte d’entrée.


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