en ce point semblable à moi. Je réponds oui, et je devine alors que j’ai porté au prestige de mon mari un coup définitif.
— Enfin, ne parlons plus de tout cela, fais-je, je vais me laver à nouveau.
Je retourne au hamman. J’y utilise encore de l’eau douce. Elle est coûteuse, car il n’y en a pas une goutte à Djeddah. Le roi a fait venir des machines à distiller l’eau de mer. Elles fonctionnent jour et nuit et l’eau obtenue est vendue dans des tanakés ou bidons d’essence de dix-huit litres. On vous apporte cela au réveil, comme le laitier vous apporte votre lait en France. On verse cette eau dans des réservoirs situés à l’entrée de chaque harem, et la note se paye en fin de mois. Cette toilette terminée, Fakria veut bien reconnaître que je ressemble à toutes les femmes de harem d’Orient. Elle va me faire les honneurs de la maison. Nous circulons librement car les hommes sont à la Mecque.
Au rez-de-chaussée et au premier sont de vastes salles pour les réunions d’hommes, « Mejless ».
Au second, des appartements, bien entendu sans meubles, servent de chambres d’amis. Les amis peuvent d’ailleurs être des inconnus de passage.
Le harem occupe le troisième. Au quatrième demeure le sous-gouverneur de Djeddah. Un luxe inouï (tout est relatif) s’y étale : un lit de fer avec sommier et matelas… Il n’y pas de draps, car Ali Allmari ignore l’emploi de ces objets.
Mais il y a aussi une armoire avec deux glaces.
Au dernier étage se trouve la terrasse qui couvre toute maison arabe.
C’est, en somme, le seul lieu où les femmes puissent se tenir libres et dévoilées, au grand air. Les terrasses servent même de trait d’union entre les