chérif, et elle insiste pour que je me rende un compte exact de cette merveilleuse filiation.
Je veux lui être agréable et avoue reconnaître sa grande noblesse. Elle continue en m’expliquant sa parenté avec Ali Hussein, l’ancien roi du Hedjaz. Maintenant que tout le monde est rassuré sur mon compte et que les esclaves m’ont bien contemplée à leur aise, c’est le tour des femmes du harem d’accourir me voir. La fille de Sett Kébir est la première. Elle porte une robe de mousseline blanche, à rayures satinées. Ses belles mains pendent le long de son corps. Très pommadés, ses cheveux tombent en longues tresses des deux côtés de la tête.
Elle suit avec minutie le code de la politesse hedjazienne, me prend la main, la porte à son front et la baise enfin. Elle se nomme Fakria, elle est l’épouse du sous-gouverneur. Âgée de seize ans, elle est mariée depuis huit années.
Elle a d’ailleurs une fillette de six ans qui la suit, tenant par la main deux jolies enfants à figure chétive et à peau transparente. Ce sont les filles d’une épouse disparue d’Ali Allmari. La dernière du défilé des femmes est Mousny. Alors que beaucoup d’autres sont presque difformes de graisse, aucune n’est si mince et si parfaitement faite que cette négresse. Son costume d’intérieur apparaît charmant : un petit gilet très serré sur les reins, en mousseline de coton, laissant transparaître des seins ravissants, avec des pantalons bouffants, dont l’ampleur est ramenée par derrière.
Son air est vif, Intelligent et attentif. On devine qu’elle se reconnaît une supériorité sur les autres femmes noires. Elle est le résultat d’une faiblesse du sous-gouverneur pour une esclave. Toutefois, fille reconnue, elle a désormais droit aux mêmes égards