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MYSTIQUE

exemple et dans une certaine mesure en Égypte, la suppression du voile.

J’ai été frappée, dans toutes nos conversations et dans la connaissance plus approfondie qui en a résulté pour moi, des rapprochements qu’on peut observer entre le christianisme et l’islamisme. Le musulman croit, comme le chrétien, au ciel, à l’enfer, aux récompenses éternelles, au jugement dernier. Une différence assez importante résulte de la croyance musulmane en un dieu unique, entouré de prophètes, tels qu’Abraham, Moïse, le Christ, Mohamed, tandis que les chrétiens mettent les saints en collaboration avec Dieu, puisqu’ils leur adressent des prières et recourent à leurs intercessions. Aucun musulman ne s’adresse à Mohamed, toutes leurs prières vont directement à Allah.

Comme chez les catholiques, la religion musulmane recommande le pardon des offenses. Le meilleur est celui qui se réconcilie le premier.

Nous discutions religion, le soir, jusqu’au moment du sommeil. Pendant des heures, j’écoute l’Hindou me dire des choses qui me troublent infiniment.

La mer calme, le décor en quelque sorte abstrait, l’extraordinaire personnalité de l’Hindou me procurèrent durant ces quelques jours un repos moral absolu, un détachement complet des choses d’ici-bas, le bonheur parfait, s’il existe en ce monde. C’est difficile à analyser, mais je crois bien avoir trouvé là les seules heures de sérénité et de paix spirituelle complète que la vie m’ait apportées jusqu’ici.

L’Hindou, durant les deux années qu’il vient de passer à Londres, n’a consommé aucune nourriture préparée par des mains infidèles. Dans les pays de grande civilisation où cette observance est difficile, il ne mangeait que des fruits et des légumes crus.

Ici encore la sobriété s’impose, car Ahmed, mal-