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FUSIL PHOTOGRAPHIQUE.

observe aisément les changements d’inclinaison du plan de l’aile, l’inflexion des rémiges par la résistance de l’air, les mouvements par lesquels l’aile se porte en avant pendant son abaissement, en arrière pendant son élévation.


Fig. 12. Image d’une mouette venant sur l’observateur

J’ai comparé, à cet égard, les renseignements donnés par la photographie à ceux que m’avait autrefois donnés la méthode graphique, et j’ai obtenu ainsi la confirmation des points principaux que je croyais avoir établis par la première de ces méthodes. Il ne paraît pas douteux que les images photographiques n’ajoutent beaucoup de connaissances nouvelles à celles que nous avons sur le mécanisme du vol.

La figure 13 représente une série de silhouettes d’oiseaux et de chauves-souris[1] dans les différentes attitudes du vol.

Le fusil photographique se prête plus facilement encore à l’analyse des mouvements beaucoup moins rapides de la locomotion terrestre. On voit (fig. 14) un cheval traînant une voiture ; la photographie a été prise d’une distance de 150 mètres ; le temps de pose était 1/720 de seconde.

Il est difficile de dépasser le nombre de dix à quinze images par seconde au moyen d’appareils dans lesquels une plaque doit se déplacer et s’arrêter tour à tour pour être impressionnée en des points différents de sa circonférence ; j’ai quelquefois doublé cette vitesse, mais alors l’appareil entre en vibration et la netteté des images peut être compromise.

M. Janssen a proposé de recueillir les images sur une plaque animée d’une rotation continue[2]. Il est certain que, si l’on fait les temps d’éclairage assez courts, on rendra négligeable le dépla-

  1. La chauve-souris est difficile à photographier, à cause de son vol capricieux, de sa petite taille et de l’heure tardive à laquelle elle se montre. Mes meilleures plaques ne m’ont donné que cinq ou six images sur les douze changements de position de la plaque photographique ; encore ces images étaient-elles parfois sur la limite du champ éclairé de l’instrument.
  2. C. R. de l’Académie des Sciences, t. XCIV, p. 911, 1882.