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PHOTOGRAPHIE DES MOUVEMENTS.

nez fort, le front bas et les lèvres saillantes, l’image résultante aura tous ces caractères ; et si un individu s’éloigne en quelque chose du type générique, cette exception n’imprimera à l’effet total qu’une modification légère. Dans cette expérience, il se fait automatiquement, et d’une manière extrêmement rapide, une véritable synthèse dans laquelle chacun des éléments complexes entre exactement pour sa part.

Des courbes statistiques pareillement superposées donneraient instantanément des moyennes qu’il serait fort difficile d’obtenir par de lentes additions. Bien plus, la méthode arithmétique est assurément moins bonne, car une variation exceptionnelle suffit pour altérer la moyenne d’un certain nombre de valeurs qui concordaient parfaitement entre elles. La superposition photographique montrerait les exceptions sous forme de traits qui s’écartaient de la direction générale ; elle ferait voir ainsi la parfaite concordance de la plupart des autres éléments dans la courbe résultante.

Enfin, les tracés obtenus au moyen des appareils inscripteurs peuvent avantageusement être comparés entre eux par superposition ; ce serait même le vrai moyen d’obtenir ces courbes idéales qu’on a cherché à définir et qui représenteraient les types normaux des tracés du pouls, de la pulsation du cœur, de la respiration, etc.

Applications de la photographie à l’étude des mouvements complexes.

Pendant longtemps la photographie n’a été employée que pour reproduire la forme d’objets immobiles ; on posait assez longtemps devant l’objectif et le moindre mouvement suffisait pour altérer l’image, au point de rendre un portrait méconnaissable.

Cependant, malgré son imperfection, la photographie pouvait déjà servir à préciser la nature de quelques mouvements : en 1865 MM. Onimus et A. Martin ont photographié de cette manière le cœur d’animaux vivants[1] ; la figure 1 montre un cœur de tortue dans ses deux positions extrêmes de réplétion et de vacuité, c’est-

  1. Onimus, Études critiques sur les mouvements du cœur. Journ. de l’Anat. et de la Physiol., 1865.).