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MÉTHODE GRAPHIQUE.

suffit de rapprocher les unes des autres les figures photographiques de ces êtres ou les courbes de ces phénomènes : les éléments d’une telle comparaison sont les plus parfaits qu’on puisse souhaiter, car on s’appuie sur des documents immuables.

Dans les sciences naturelles, une difficulté se présente souvent : c’est que les proportions de deux êtres morphologiquement analogues sont trop différentes pour qu’on en saisisse aisément les analogies et les dissemblances. Un chat et un tigre, par exemple, se ressemblent par beaucoup de points, mais il y a entre eux certaines différences qui échappent à cause de la difficulté de soumettre à une mesure commune chaque partie du corps de ces animaux. Or, la photographie possède une merveilleuse aptitude à augmenter ou à réduire l’image d’un objet, tout en lui conservant ses proportions, de sorte que deux animaux de tailles très différentes peuvent être ramenés à deux figures égales dont toutes les parties sont représentées à la même échelle, de même que deux figures géométriquement semblables peuvent être ramenées à l’égalité et devenir superposables l’une à l’autre.

Cette méthode des géomètres qui consiste en une superposition fictive de deux figures pour en démontrer l’identité peut être effectivement appliquée, dans le domaine des sciences naturelles, au moyen de la photographie. Développant une belle conception d’Herbert-Spencer, M. Fr. Galton eut l’idée de superposer les unes aux autres les images d’êtres qui se ressemblaient entre eux. Cette superposition se faisait de la manière suivante. Soient dix portraits d’individus d’une même race ramenés à la même échelle ; des repères sont établis pour que chacun de ces portraits se place, tour à tour, devant un même appareil photographique et y peigne son image sur la même plaque sensible et au même endroit. S’il faut dix secondes, par exemple, pour obtenir une photographie, on ne laissera poser chacun des portraits que pendant une seconde, et c’est avec les dix portraits successivement présentés devant la plaque sensible qu’on aura impressionné celle-ci au degré suffisant. Il en résultera une photographie composite, comme l’auteur la nomme, et qui n’aura retenu des images successives qui l’ont produite que leurs caractères généraux. Un signe particulier sur l’un de ces visages ne laissera dans l’image collective qu’une trace insensible ; mais les types génériques, les caractères de race s’imprimeront fortement. Si, chez la plupart des sujets qui ont contribué à faire cette photographie, les yeux sont petits, le