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REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES PHÉNOMÈNES.

trois courbes superposées. La courbe formée d’une ligne pleine exprime la température de la bouche ; celle qui est formée de traits correspond à la température rectale ; l’autre, formée de traits et de points, correspond à la température axillaire.

Ces trois lignes subissent des inflexions parallèles, c’est-à-dire que dans les accès où la température s’élève, son accroissement s’élèvera partout, quoique à des degrés divers. Une période singulière préside au retour des accès fébriles jusqu’au moment où, sous l’action du sulfate de quinine, les accès disparurent[1].

À côté du type qu’on vient de voir, nous placerons la figure 18, empruntée aussi à l’ouvrage de Lorain et qui correspond à une fièvre tierce. Tandis que dans le type représenté plus haut, les trois courbes variaient dans le même sens, on remarque dans celle-ci un antagonisme entre la courbe de la température de la bouche (trait plein) et celles des températures prises dans l’aisselle et dans le rectum. Cette variation inverse des températures centrale et périphérique s’élèvera à des degrés divers dans l’état de la circulation qu’on nomme algidité[2] ; il est à son maximum dans le choléra dont nous donnerons plus loin quelques exemples.

Dans cette figure, comme dans la précédente, l’action thérapeutique de la quinine se manifeste clairement. À la date du 17, le médicament fut administré, et l’accès si bien caractérisé les 11, 13 et 15 du mois a cessé de se produire.

Dans les tracés médicaux que l’on vient de voir, les observations de température ne se faisaient que deux fois par jour : le matin

  1. La note suivante, rédigée par Lorain, montre que la construction de la courbe de la maladie a seule mis sur la voie du véritable diagnostic.

    Z., âgé de dix-neuf ans, Berlinois, arrive de Rome où il a servi en qualité de soldat du pape. Il est atteint, depuis plusieurs mois, de fièvre intermittente quotidienne. Il a été réformé pour cette raison. Arrivé à Paris, il entre à l’hôpital Saint-Antoine. Il est extrêmement anémique, souffle au cœur et dans les vaisseaux du cou. La rate est grosse et déborde les fausses côtes.

    La fièvre de ce malade paraît irrégulière, et nous n’en avions pas reconnu le type avant d’avoir fait la courbe de la température. L’incertitude tenait à ce que, chaque lendemain d’accès, il y a un nouveau petit accès qui est comme l’écho du précédent. Nous considérerons cette fièvre comme répondant au type quarte, mais elle n’est pas régulière, et nos ancêtres auraient cherché à caractériser ces deux accès d’inégale importance par un nom particulier. Ils en eussent fait une double quarte, parce qu’elle présente un accès deux jours de suite, puis un jour d’apyrexie, mais les accès s’enchaînent, de manière que celui du 10 décembre est semblable à ceux du 13 et du 16, et celui du 11 décembre semblable à celui du 14.

  2. Voyez Marey «, Théorie physiologique du choléra. » Gazette hebdom. de méd. et de chirurg., 1865, p. 743 et 762.