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REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES PHÉNOMÈNES.

Mon collègue et ami, le docteur Brouardel, s’est bien souvent servi avec avantage des courbes médicales dans son enseignement clinique, et en a obtenu de grands avantages[1]. Cet auteur a signalé, entre autres relations importantes, les variations énormes que subit le nombre des globules blancs du sang suivant les phases des maladies ; il a montré que l’ouverture d’un abcès s’accompagne d’une diminution soudaine de la proportion de ces globules.

Nous empruntons à l’ouvrage de Lorain quelques types qui

    rant on voit d’abord qu’elles peuvent être classées en groupes naturels ; ces groupes, ce sont précisément les collections d’observations particulières se rapportant à la même maladie. Et dans ces observations particulières domine une forme générale ; puis il y a des variations individuelles qui peuvent encore être classées. Enfin le type se dégage. Quelle description peut entrer en parallèle avec ce procès-verbal de la maladie contenu en une figure ? Sans doute on ne saurait aujourd’hui réduire ces figures à un type analogue aux figures géométriques. Mais déjà la différence des espèces s’accuse assez nettement pour qu’un homme, même peu exercé, puisse dire du premier coup : voici une fièvre typhoïde ; cette autre figure montre une pneumonie ; cette troisième une variole, etc., et pour qu’il sache si la maladie est normale ou anormale, pour qu’il en distingue les périodes, la terminaison. Le traitement s’y trouve inscrit aussi par les perturbations mêmes de la courbe.

    « Ni la mémoire la plus fidèle, ni les notes les plus détaillées ne pourraient permettre de reproduire les traits et la marche d’une maladie ou d’un symptôme avec la perfection que l’on trouve dans les tableaux graphiques. C’est, à proprement parler, une méthode d’analyse.

    « On peut surveiller les moindres déviations des fonctions les plus importantes, et voir si ces déviations arrivent à l’époque voulue et dans la mesure ordinaire, durent un temps suffisant ou dépassent la mesure habituelle ; on peut surveiller par ces déviations accrues ou corrigées l’action des remèdes. On peut même doser cette action. Ainsi, il nous est arrivé souvent de faire descendre à volonté la température par l’action de la digitale, de diminuer ou de reculer un accès de fièvre intermittente par une faible dose de quinine, de le supprimer enfin et de couper définitivement la fièvre par une dose plus forte.

    « Ce n’est pas seulement un moyen d’analyse que nous employons, c’est aussi un moyen de figurer toute la maladie et de réduire cette figure à une courbe connue, toujours identique avec elle-même pour tous les exemples réguliers de la même maladie. Il faut que tous les cas normaux d’une même maladie donnent une figure toujours superposable à la figure type. Et cela est en effet, sauf de légères variations. Encore pouvons-nous reconnaître plusieurs variétés dans l’espèce. Ces variétés sont en nombre limité ; l’expérience apprend à les connaître, et, quand nous posséderons des collections où seront classés tous les types, nous pourrons, étant donné un cas particulier, lui trouver son homologue dans l’un de nos types. On arrivera ainsi à déterminer les formes des maladies et à donner une base solide au fragile édifice du pronostic et de la thérapeutique. » Lorain, de la Température dans les maladies, publiée par les soins du docteur P. Brouardel.

  1. Voir H. Bonn. Thèses de Paris, 1875. « Des variations du nombre des globules blancs du sang dans quelques maladies ». — J. P. G. Patrigeon. Thèses de Paris, 1877. M. A. Fouassier signale l’influence des purgatifs sur l’augmentation de la proportion des globules. Thèses de Paris, 1876.