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COURBES MÉDICALES.

Courbes médicales.

Ces courbes, dont l’usage tend à s’introduire en médecine, sont destinées à remplacer, en certains cas, ou tout au moins à compléter le tableau écrit qu’on appelle une observation médicale. Voici dans quelles conditions ces observations étaient recueillies :

Sur des feuilles que l’administration des hôpitaux fait imprimer d’avance, l’étudiant trouve un cadre tout préparé qu’il doit remplir avec soin, jour par jour. Fréquence du pouls, température du malade, sueurs et déjections, remèdes et tisanes, tout doit être noté scrupuleusement pour servir à l’édification des statistiques médicales. Il s’entasse des monceaux de ces feuilles d’observations ; des sociétés se sont fondées qui les classent avec soin ; des chambres entières, dit-on, en sont remplies. Mais combien y a-t-il de ces documents qui revoient le jour et qui soient consultés avec fruit ?

C’était encore une des idées que Lorain soutenait avec une conviction ardente, à savoir qu’il faut substituer à l’observation écrite d’un malade, ou tout au moins annexer à cette observation, le Tableau graphique de la maladie : l’ensemble des courbes qui traduisent, avec leurs variations diverses, la fréquence du pouls, la température superficielle ou profonde, le poids des malades et parfois celui des urines, etc. Quelques mots placés en regard d’une inflexion insolite de ces courbes en expliquent la cause, et de cet ensemble résulte un tableau de la maladie qui en traduit la marche avec clarté et précision[1].

  1. Dans un livre posthume encore inédit, Lorain apprécie en ces termes le rôle des « courbes médicales ».

    « La fastidieuse description en un langage obscur et plein de vague de la marche d’une maladie idéale vue à travers les doctrines du moment, ne saurait entrer en parallèle avec la figure nette, précise, mesurable, formant ensemble, que donne une courbe. D’ailleurs, les éléments de cette courbe ne prêtent à aucune contestation et ne sont point matière à dispute. C’est le fait lui-même sans commentaire qui se développe sous les yeux. Ce sont les variations d’une fonction dont un instrument de précision indique le degré. Et lorsque ces courbes diverses, obéissant à une même loi, marchant ensemble, parallèlement, montent, descendent, varient de façon à donner toutes une même figure, cette identité d’action ne fournit-elle pas une certitude plus grande, par le double, triple, quadruple contrôle qui y est contenu ?

    « Or, l’expérience montre que les maladies, dans leur marche, affectent une figure à peu près constante, et que les espèces morbides s’accusent nettement par leur forme, si bien qu’en prenant au hasard un grand nombre de courbes et en les compa-