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PHASES D’UNE VARIATION.

chaque instant un total : ce sera, suivant le cas, le total des valeurs exportées, celui des espaces parcourus, des hauteurs atteintes. Dans l’autre système, à chaque unité de temps nouvelle correspond une ordonnée spéciale, d’une certaine valeur, mais qui part de zéro. C’est la somme de toutes ces ordonnées qui représente la valeur totale des sommes déboursées par l’Angleterre pour l’importation ou réalisée par elle pour l’exportation de ses produits. Or cette somme est proportionnelle à la surface couverte par les piles d’écus juxtaposées, ou, ce qui est le même, à la surface représentée sur le papier par l’aire des deux courbes. Playfair a recouvert de teintes différentes ces deux surfaces qui doivent se retrancher l’une de l’autre. La surface limitée par la ligne des importations est couverte dans la figure 11 par des hachures dirigées en bas et à gauche ; la surface des importations par des hachures de sens contraire. Partout où ces deux surfaces se recouvrent, on observe un double croisement des hachures. Les deux valeurs, dépense et profit, qui correspondent à ces surfaces superposées se compensent et s’entre-détruisent. Mais il reste, en haut de la figure, une région où l’une des surfaces seule apparaît à cause de son étendue plus grande ; cette surface est l’excès des sommes encaissées pour l’exportation sur les sommes déboursées ; Playfair l’appelle balance en faveur de l’Angleterre. On voit sur le tableau qu’en 1782 il s’est produit un phénomène inverse, et que pendant une courte période il y a eu léger excès de l’importation sur l’exportation[1].

La mesure des aires se fait avec une facilité extrême au moyen d’appareils nommés planimètres. Nous aurons souvent à revenir sur ce sujet quand nous parlerons des courbes que fournissent certains appareils inscripteurs.

L’invention de Playfair a mis longtemps à se répandre ; cependant, dès le commencement du siècle, Frissard, ingénieur des ponts et chaussées, construisit en France des tableaux figuratifs du cours des assignats, puis du cours de la rente. Un tableau en trois grandes feuilles fut dressé pour la période qui s’étend de

  1. Ces courbes à aires totalisatrices se rencontrent dans un grand nombre de circonstances ; déjà nous en avons eu un exemple à propos des expressions graphiques du mouvement. En effet, si la courbe des espaces parcourus est de l’ordre de celles où la hauteur atteinte exprime un total, dans la courbe des vitesses, c’est à la mesure des aires qu’il faut recourir pour estimer l’espace parcouru à un moment donné.