Page:Marey - La méthode graphique, 1885.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
PHASES D’UNE VARIATION.

Courbes exprimant les phases d’une variation quelconque
dans le temps.

Les exemples que nous venons de passer en revue sont des changements de l’espace par rapport au temps, c’est-à-dire de véritables mouvements.

À côté de ce groupe naturel de phénomènes doit se ranger un autre groupe de changements que, dans le langage métaphorique, on appelle aussi quelquefois des mouvements : ainsi l’on dit le mouvement du commerce, celui de la population, de la production agricole, etc., pour exprimer les changements survenus chaque jour, chaque semaine ou chaque année, dans l’état des statistiques relatives à ces différents sujets.

On a déjà vu un spécimen de ce genre d’expression graphique dans les courbes de J. Playfair représentant le mouvement progressif de la dette d’Angleterre ; le même auteur a donné les courbes des mouvements composés de l’importation et de l’exportation de ce pays pendant les années comprises entre 1770 et 1782. La figure 11 représente ce tableau ; les temps y sont comptés en périodes décennales jusqu’en 1770, époque à partir de laquelle les variations du commerce étant devenues plus brusques, on a compté les temps par années afin de mieux analyser les changements qui se sont produits.

La courbe inférieure représente les importations ; les inflexions qu’elle offre signifient que, chaque année, le total des importations avait une valeur différente ; il en est de même pour la ligne supérieure, qui exprime les variations des exportations. Dans la formation de l’une et l’autre courbe, à chaque année correspond une ordonnée d’une hauteur variable. Pour employer la comparaison de Playfair, c’est comme si des piles d’écus de hauteurs différentes étaient juxtaposées. Or, si l’on compare la figure 11 à celle que nous avons déjà empruntée au même auteur : le tableau de l’augmentation de la dette d’Angleterre, on constate que celui-ci doit être considéré comme formé de piles d’écus superposées.

Il y a donc deux sortes d’expressions d’une variation dans le temps : l’une consistant à tracer une courbe qui, à chaque nouvelle unité de temps, s’élève d’une certaine quantité au-dessus du niveau déjà atteint ; dans ce système, la hauteur de la courbe exprime à