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REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES PHÉNOMÈNES.

qu’aux environs de la dix-neuvième, époque où l’accroissement diminue d’une façon rapide et s’arrête bientôt.

Cette figure présente avec la précédente une ressemblance parfaite, quant au mode d’expression d’un accroissement. Dans un cas, il est vrai, c’est l’espace franchi par la marche rapide d’un train que l’on mesure ; dans l’autre, c’est l’espace lentement parcouru par le sommet de la tête d’un enfant qui grandit. De part et d’autre, les temps se comptent sur l’axe des  ; ce seront dans un cas des minutes, et dans l’autre des années, de même que les chemins seront tantôt des kilomètres et tantôt des millimètres, mais se mesureront dans toutes les courbes sur l’axe des .

Du reste, les courbes d’accroissement de la taille prennent un intérêt particulier lorsqu’elles sont construites sur une plus grande échelle, c’est-à-dire quand elles correspondent à de moins longues durées. Mon collègue et ami regretté, le professeur P. Lorain, pénétré de l’importance de la méthode graphique en hygiène comme en médecine, avait l’habitude de dresser la courbe de l’accroissement de la taille et du poids de ses enfants ; il avait engagé plusieurs de ses clients à suivre son exemple. On pouvait ainsi constater aux inflexions des courbes obtenues que la moindre influence retentit sur le développement des enfants, le ralentit ou l’arrête. Dans la courbe de Jean Lorain, né le 13 novembre 1868, on a réuni (fig. 9) l’expression de l’accroissement de la taille et celle de l’augmentation du poids. Des inflexions légères indiquent sur ces courbes que le développement de l’enfant éprouve des variations. La plus curieuse s’observe dans le second mois et se traduit différemment dans l’une et l’autre courbe. Le 11 décembre, l’enfant fut vacciné, il en résulta une indisposition légère qui arrêta la croissance et rendit plus lente l’augmentation du poids ; mais le 13 une pneumonie survint qui mit l’enfant en danger de mort ; le poids diminua de quatre cents grammes en douze jours tandis que la taille demeurait stationnaire ; puis, la maladie passée, les deux courbes reprirent leur marche ascendante. Entre le 20 et le 27 du mois de janvier on vit un accroissement de la taille correspondant à trois centimètres ; il semble que pour une semaine une telle croissance soit exagérée ; tout porte à croire qu’une erreur aura été commise dans cette mensuration.

Pendant la période de l’éruption des dents, de légers ralentissements se sont observés également dans l’accroissement du poids