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REPRÉSENTATION GRAPHIQUE DES PHÉNOMÈNES.

rien à la convention. Il suffit d’admettre qu’une longueur d’un millimètre corresponde à l’unité, pour que des lignes qui mesurent trois, sept ou quinze millimètres expriment clairement pour tout le monde les nombres trois, sept et quinze.

Or, une grandeur quelconque, distance, poids, température, etc., si elle est comparée à une grandeur de même ordre, prise pour unité, sera ramenée à un nombre et pourra s’exprimer par une ligne plus ou moins longue.

Pour faire voir à quel point la comparaison d’une série de nombres est facilitée par cette transformation, nous donnerons comme exemple la figure 1, qui représente l’importance comparée du matériel naval des différentes puissances maritimes[1]. C’est d’après le tonnage des navires que cette estimation est faite. Une série de colonnes dont les hauteurs sont proportionnelles aux nombres de tonneaux que peut porter la marine de chacun des douze États que l’on compare est représentée dans cette figure. Rangées, de gauche à droite, par ordre d’importance relative, la marine des Îles Britanniques occupe le premier rang ; celle de l’Autriche le dernier. Le nombre absolu de tonneaux se lit sur une échelle, à gauche de la figure. Enfin, dans la surface rectangulaire de chacune de ces colonnes, une partie teintée de hachures mesure l’importance de la marine à voiles, tandis que la surface restée blanche exprime le tonnage des navires à vapeur.

La mémoire conserve aisément le souvenir d’un tableau de ce genre : quand nous en évoquons le souvenir, nous voyons apparaître tous les rapports qui y sont représentés et que des chiffres n’exprimaient que d’une manière obscure.

Toute la statistique des marines du monde est contenue dans ce petit tableau, qui montre que les Îles Britanniques ont plus de navires à vapeur que toutes les autres nations ensemble ; que la France, au point de vue absolu du tonnage de ses flottes, ne vient qu’en sixième rang, mais qu’elle occupe le troisième si l’on ne considère que la marine à vapeur. Il n’est pas nécessaire de paraphraser un semblable tableau, ce serait délayer et obscurcir ce qu’il contient sous une forme synoptique et lumineuse.

Des tableaux du genre de la figure 1 servent à comparer entre elles toute espèce de grandeur ; tout le monde a vu des représen-

  1. Cette figure est extraite de l’ouvrage de M. É. Reclus, Nouvelle Géographie de la France.