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VII
INTRODUCTION.

les unes des autres de façon à mettre en lumière des rapports de cause à effet. Ces rapprochements sont d’autant plus fructueux qu’ils portent sur un plus grand nombre de documents, mais alors leur complexité extrême rend la comparaison bien difficile : la vérité se cache dans la gangue qui la renferme. Mais si l’on prend la peine, souvent assez légère, de réduire à leur forme graphique les documents accumulés et de condenser toutes les mesures prises en une courbe dont chaque détermination ne fournit qu’un point, alors la clarté se fait ; si quelque relation était contenue dans cet ensemble d’observations ou d’expériences, elle se montre ; une loi numérique apparaît, saisissante, lumineuse.

Quand les observations sont mal prises, ou les expériences défectueuses, ou bien quand les faits rassemblés n’ont entre eux aucune relation commune, la courbe incohérente qui en ressort avertit qu’on a fait fausse route, et qu’il ne faut pas chercher plus longtemps des rapports simples qui n’existent pas. Ces premiers avantages de la représentation graphique suffiraient à la faire adopter comme un secours puissant dans les sciences expérimentales et dans celles d’observation.

Si nous suivons la méthode à travers ses applications variées, nous rencontrerons des cas où elle n’est plus seulement un guide pour l’esprit, une aide pour la mémoire, mais où elle mène à des conceptions qui étaient autrefois entièrement inaccessibles. De cet ordre sont les graphiques des météorologistes, grâce auxquels est exprimé l’état de l’atmosphère à un même moment sur toute l’étendue du monde civilisé. Chaque pays envoie son contingent d’éléments pour construire ce tableau d’ensemble : temps pluvieux ou serein, pression du baromètre, température, direction du vent, etc., et l’on pointe sur la carte les renseignements fournis par chaque observa-