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DEUXIÈME PARTIE
APPAREILS INSCRIPTEURS DES MOUVEMENTS

Les nombreux exemples de représentation graphique des phénomènes qui ont été précédemment donnés, ont dû prouver au lecteur la supériorité de ces moyens d’expression sur tous les autres. Mais il ne faut pas se dissimuler que la construction des courbes exige en général beaucoup de temps et de patience ; il est clair en effet, que si, dans certains tableaux graphiques, se trouve condensée en quelque sorte la substance d’un volume de texte ou de chiffres, ces tableaux ont coûté à leur auteur plus de peine que n’en eût exigé la publication d’un livre. Ce dernier effort par lequel un statisticien, un ingénieur ou un météorologiste extrait des documents qu’il a patiemment recueillis ce qui en est, pour ainsi dire, l’essence et le présente au lecteur sous une forme lumineuse et concise, cet effort est à coup sûr le plus utile de tous. Mais il ne faudrait pas que le lecteur, trompé par la facilité de sa tâche, oubliât la difficulté de l’œuvre dont il profite. Certains tableaux de Regnault, de Lalanne, de Minard représentent des mois et parfois des années de travail[1].

Quand on se sert d’appareils inscripteurs, on obtient sans aucune peine les courbes que trace lui-même le phénomène qui s’inscrit. Ces courbes sont en général plus faciles à lire que toutes celles dont il a été question dans les précédents chapitres ; toutefois

  1. Bien des auteurs n’ont pas ce suprême courage de cacher la peine qu’ils ont prise, et à côté des courbes qui résument leurs observations, publient, sous prétexte de pièces justificatives, les tableaux de chiffres ayant servi à les construire : ce qui a l’inconvénient de rendre le travail dix ou vingt fois plus volumineux, sans y ajouter rien que les courbes ne contiennent déjà.