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— Ton serviteur l’oubliait, en effet, dit le cacique.

— Mais le fils du Soleil s’en est souvenu et veut acquitter la dette du combat. Qu’exiges-tu de notre faveur divine ?

— Inca, murmura Ollantay d’une voix basse et presque suppliante, mon cœur et mes sens ont été surpris par la beauté de l’une de tes filles… »

À ces paroles, l’empereur bondit si brusquement sur son siége d’or, que la litière, échappant aux porteurs, faillit rouler avec lui dans la poussière.

« Par le nom de Pachacamac, maître invisible de cet univers, explique-toi, misérable impur ! »

Devant cette colère de dieu couronné, Ollantay, qui déjà sans doute avait fait le sacrifice de sa vie, poursuivit : « Ta fille Cusi-Coyllur a daigné descendre jusqu’à son humble esclave ; une fleur d’Amancay, qu’elle m’a remise, m’a dit le secret de son cœur.

— L’infâme ! s’écria l’empereur en cachant son visage dans les plis de sa mante, et le Soleil dont elle descend ne l’as pas consumée… elle périra !

— Épargne ta fille ! reprit vivement le cacique : Cusy-Coyllur n’est point coupable, et si l’un de nous doit mourir, que ce soit moi, qui ne puis être son époux !

— Son époux ! s’écria Tupac Yupanqui, en qui l’orgueil du maître étouffa les regrets du père, tu songeais donc sérieusement à mêler ton sang d’es-