toute la population. Le reste de la soirée fut employé à emmagasiner les vivres et à disposer les couvertures de façon à nous préserver des vents coulis. Vers onze heures, doucement échauffés par deux feux de bosta allumés dans la caverne, ceux d’entre nous qui ne dormaient pas encore, pouvaient entendre les ronflements de ceux qui dormaient déjà, s’élever dans le silence de la nuit, comme un cantique d’action de grâces.
Le lendemain, quand je me réveillai, il faisait grand jour. Le colonel était déjà levé. J’allai le rejoindre sur la pelouse où nos gens étaient réunis. Le soleil apparaissait dans toute sa splendeur au-dessus des neiges de Vilcanota, et traçait sur les eaux du lac un sillon d’or lumineux. Après quelques lieux communs échangés entre nous au sujet de l’excellent sommeil dont nous avions été favorisés et de la journée qui promettait d’être magnifique, je laissai don Estevan à ses affaires pour m’occuper des miennes. J’employai toute la matinée à des estimations d’altitude qui me prouvèrent, après plusieurs essais, que le lac de Vilafro, situé entre Cuzco et Aréquipa, se trouve à 815 mètres au-dessous du niveau de la première de ces villes, et à 539 mètres au-dessus du niveau de la seconde. Pour me distraire de ce travail aride, j’allai dans l’après-midi, le fusil sur l’épaule, faire une battue le long des rochers semés dans la plaine. Je rapportai de mon