sans descendre de nos montures. Il s’agissait de gagner, avant la nuit, un endroit habité, et les demeures de l’homme sont clair semées entre Coporaqué et Cailloma. Des pommes de terre bouillies, des œufs durs et des galettes de maïs, firent les frais de ce repas. Pour aider à la digestion laborieuse de ces aliments, nous croquâmes quelques poignées de neige ; le vin de Xérès était renfermé dans des caissons, ces derniers arrimés sur le dos des mules, et l’on eût perdu un temps précieux à les déballer. Les Indiens qui nous précédaient, et qui, de moment en moment, regardaient si nous les suivions, ne nous eurent pas plutôt vus en train de déjeuner, que, mus par cet instinct d’imitation dont sont doués tous les bipèdes, ils retirèrent de leur bissac quelques fèves grillées, et se mirent à déjeuner aussi.
En quittant Coporaqué, nous avions laissé l’Apurimac à notre gauche, baignant le pied de serros escarpés ; nous le retrouvâmes au delà d’Aconcahua, pourvu d’un ponceau de granit, sous lequel ses eaux troubles passaient en mugissant. À cet endroit, la décoration de ses rives me parut charmante. Le cours sinueux de la rivière était marqué, dans une étendue de plus d’un kilomètre, par une double ligne de myrtes nains et de tolas[1], dont le feuillage,
- ↑ Arbustes du genre Buxus.