Page:Marcoy - Scènes et paysages dans les Andes, 1.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voyé à la tête d’un régiment, dans quelque province lointaine, ma femme ayant demandé qu’on me mît en activité de service, afin, disait-elle, que j’eusse une occasion de délustrer mes épaulettes. Comme son cousin le président ne pouvait, vu l’état des choses, me donner un commandement, il eut l’idée de me nommer colonel du génie, et de m’envoyer à Cailloma, pour lever le plan de cette province, auquel je dois joindre un mémoire explicatif sur les ressources du pays.

— Et vous avez accepté un pareil mandat ?

— Impossible de refuser, don Pablo mio, ma femme avait fait toute cette besogne sans me consulter. À propos, comment me trouvez-vous en uniforme ? Cette chère Lorenza assure qu’il me rajeunit de dix ans !

— Dès que votre femme l’assure, je suis entièrement de son avis, mais permettez, cher don Estevan, comment allez-vous vous y prendre pour remplir convenablement votre tâche ? car enfin vous n’êtes, que je sache, ni mathématicien, ni arpenteur, ni géographe, ni statisticien, ni économiste, ni même…

— Chiton ! don Pablo ; ceci ne regarde que moi ; tout ce que je puis vous dire, c’est que je me montrerai digne de porter l’épaulette. »

Comme nous entrions chez le cobernador, il était en train de jouer aux ocsselets avec l’aide de camp. En nous apercevant, les deux joueurs se redressèrent