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connue, comme l’attestent les annuaires péruviens, pourquoi cette dernière serait-elle exceptée de la mesure générale ?

— Mais, malheureux ! fit-il en riant, Cailloma n’a que de la neige et des pierres, tandis que les autres provinces ont toutes des produits, une industrie, un commerce ! Ouvrez, à l’article Cailloma, un de ces annuaires dont vous venez de parler, qu’y trouverez-vous ? cette éternelle phrase : Razon no se ha remitido de esta provincia. Je le crois pardieu bien : quels renseignements les écrivassiers pourraient-ils fournir sur son compte ? »

Le cher curé avait débité ces paroles d’un petit ton de suffisance qui me donna l’envie de rompre une lance avec lui pour l’honneur de Cailloma, la dédaignée. Je lui rappelai donc, et cela du ton le plus humble, que si la province qu’il affectait de déprécier, ne se recommandait à l’attention de l’étranger ni par la bénignité de sa température, ni par la vigueur de sa végétation, en revanche elle offrait aux habitants du pays de riches gisements de minerai, dont les vice-rois du Pérou avaient jadis su tirer parti. Je lui citai, à l’appui de mon dire, la mine de Crucimarca, dont le rendement avait été longtemps de cent marcs d’argent par caisson, et qu’à cette heure on exploitait encore avec succès. Les lavaderos d’or d’Arcate et de Cayarani, le cuivre de Chascacha avaient joui et jouissaient toujours d’une célébrité