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Pendant que je me livrais à des suppositions plus ou moins ingénieuses sur l’affiliation anthropologique de cette momie tout étonnée de revoir le soleil après une nuit de plusieurs siècles, mon guide, s’étant retourné par hasard et m’ayant aperçu au sommet du tertre, mit sa bête au grand trot et vint me rejoindre, non pas pour éclaircir mes doutes à l’endroit du défunt, comme je le pensai d’abord, mais pour me faire observer que, si je m’arrêtais ainsi à chaque pas, nous n’arriverions jamais à Puno. Afin d’éviter toute discussion, j’abandonnai mes fouilles mortuaires, et, posant délicatement au bord de son trou la momie en bas âge dont le hasard m’avait rendu propriétaire, je me remis en route sur les pas du mozo, profondément choqué, à ce


    reur de la dynastie du Soleil, la plus grande partie de la nation Aymara subit la domination des Incas. Seules, quelques tribus jalouses de conserver leur indépendance luttèrent contre l’envahissement des empereurs, et, refoulées dans le sud et l’ouest, s’avancèrent jusqu’au rivage du Pacifique, où elles se mêlèrent, mais sans se confondre, aux nations Quellcas, Changos et Llipis, qui peuplaient à cette époque les vallées et les plages du littoral. Au treizième siècle, Capac-Yupanqui entreprit en partie la réduction de ces peuplades que, trente ans plus tard, son successeur Yahuar-Huacac acheva de soumettre. À part la configuration étrange de la tête qui distingue la race Aymara entre toutes ses voisines du littoral, la nationalité des momies, qu’on y rencontre par milliers, se dénonce d’elle-même à première vue, tant par la construction des huacas ou tombeaux qui les renferment, que par la posture des individus, la couleur et le tissu des bandelettes, et les poteries plus ou moins grossières dont ils sont entourés.