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de plus d’un mètre, jetaient une clarté discrète sur les dames qui s’y trouvaient réunies au nombre de trente, et dont l’air grave et recueilli, l’attitude méditative, indiquaient des pensées en harmonie avec la solennité du moment.

À mon entrée, trois d’entre elles s’étaient levées et avaient fait un pas au-devant de moi, tandis que les autres se contentaient de me regarder en ouvrant de grands yeux. J’en inférai que les premières devaient être les maîtresses de la maison, et à ce titre je m’empressai de leur présenter mes hommages, que j’accompagnai de quelques paroles chaleureuses et bien senties pour le tour de faveur dont elles m’avaient honoré. Pendant ce temps-là, les personnes de leur plus intime connaissance se morfondaient dans la rue, occupées sans doute à compter les clous de la porte. Soit que mon entrée en matière plût à ces dames, soit que ma qualité d’étranger fût une recommandation à leurs yeux, elles m’accueillirent d’un air riant et dégagé, répondirent à mes compliments par des minauderies pleines de charmes, et, sous le singulier prétexte qu’étant le seul individu du sexe masculin qui se trouvât dans l’assemblée, — José Tamal représentait apparemment le genre neutre, — je devais jouir des honneurs de la présidence, elles m’escortèrent jusqu’au sofa, siége d’honneur sur lequel elle exigèrent que je trônasse, tandis qu’elles se contentaient de simples