mettre à l’appréciation des savants du pays la somme de mes découvertes, et j’eus la douleur de voir les uns me rire au nez et les autres me tourner le dos.
— Margaritas ante porcos, qu’en pensez-vous, señor Tamal ?
— Pardon, monsieur, mais je crois que c’est du latin ; et je vous avouerai que, si je lis très-couramment cette belle langue, j’ai quelque peine à la comprendre, faute de m’être exercé assez longtemps à la parler.
— Je disais que vos savants apprécient mieux un verre de chicha ou d’eau-de-vie, qu’une découverte scientifique.
— Ma foi, monsieur, je suis presque de votre avis ; mais permettez-moi de continuer mes explications, puisque j’ai le bonheur de m’adresser à une intelligence digne de la mienne. »
Comme, dans la pensée de mon interlocuteur, cette naïve impertinence équivalait à une délicate flatterie, je l’acceptai pour telle et répondis au sourire dont il l’accompagna par un autre sourire. « Voici des tiges de qqueyllu[1], poursuivit-il en me montrant la plante dénommée. Leur efficacité est souveraine pour les sciatiques et les maux de reins : il suffit de les faire bouillir pendant une heure, avec quelques tranches de giganton[2] et d’imbiber de cette