tenir plus tard de lui quelques détails locaux, qu’il devait être à même de me fournir mieux que personne, je jugeai de bonne politique de rompre l’incognito, que j’avais gardé jusque-là ; mais comme j’ouvrais la bouche pour lui donner mon nom et mon adresse, il m’interrompit par un geste courtois.
« Je sais déjà, me dit-il, que vous êtes Français, domicilié à Umaro ; que vous passez vos journées à chercher des plantes dans la campagne et vos nuits à écrire ou à dessiner.
— C’est pardieu vrai, répliquai-je ; mais comment êtes-vous si bien renseigné sur mes faits et gestes ?
— Eh ! ne vous ai-je pas vu cent fois, du haut de mon clocher, traverser les champs, escalader les serros, franchir les acéquias, emporté par votre passion dominante, qui est aussi la mienne !
— Quoi ! señor Tamal, vous feriez de la botanique, vous seriez un amant de Flore, comme disent les classiques de mon pays ?
— Oh ! monsieur, je ne recueille que des plantes médicinales, des simples, comme on les appelle communément ; j’en ai même une petite collection de choix que je pourrai vous montrer si vous le désirez.
— Comment ! si je le désire ! mais je le désire très-ardemment, et vous ne sauriez me causer un plus grand plaisir ; toutefois, avant de passer outre,