il me parut être à portée de la voix. J’aurais, en ce cas des excuses à vous faire, sans préjudice d’un petit compte à régler avec vous…
— Je ne suis pas le propriétaire, me répondit l’individu en m’adressant un profond salut.
— Vous êtes peut-être le régisseur ou le gardien de la propriété ? continuai-je.
— Pas plus l’un que l’autre.
— Alors, mon cher monsieur, puisque vous n’êtes ni le propriétaire, ni le régisseur, ni le gardien de cet endroit-ci, à quoi bon m’interpeller à tue-tête et venir troubler non plaisir ?
— Pardon, me dit-il, mais j’ignorais que votre seigneurie pût trouver du plaisir à transgresser un des saints commandements de Dieu.
— Le bien d’autrui tu ne prendras ?
— Ni retiendras à ton escient, acheva l’inconnu ; et si j’ai cru devoir vous le rappeler, c’était uniquement dans la crainte que le propriétaire, en vous voyant dévaliser ses arbres, ne vous fît un mauvais parti.
— J’entends, vous voulez dire qu’il m’eût tiré un coup de fusil ou fait dévorer par ses chiens ?
— Non, monsieur ; c’est pousser les choses un peu trop loin ; mais il fût allé se plaindre à l’alcade, qui en eût instruit le gobernador, lequel en eût référé au juez de derecho, qui vous eût condamné à payer une grosse amende. Oh ! la justice ! la justice