qualité de sa chicha et le nombre de ses guinguettes, où les deux sexes d’Aréquipa, depuis la première noblesse jusqu’à la plus infime roture, accouraient le dimanche en pèlerinage, Tiabaya aux bals si caractéristiques, aux amours si faciles, aux festins si tumultueux, Tiabaya n’était, hélas ! à l’heure où je le visitai, qu’un obscur village peuplé de Cholos et d’Indiens, voués, ainsi que leurs compagnes, aux travaux agricoles, circonstance qui les tenait éloignés de leurs demeures, dont les portes restaient closes du matin au soir pendant six jours et demi de la semaine.
La première fois que je me hasardai dans ce morne séjour, je crus, littéralement, être entré dans un cimetière. Les maisons, hermétiquement closes, carrées de forme et peintes à la chaux, avaient un air de sépulcres blanchis. Il était midi ; un soleil éclatant inondait la grande place, et, réverbéré par une ligne de murailles qui la flanque sur trois côtés, brûlait les veux comme un miroir ardent. Des cactus rabougris, des crassulées étranges, s’étalaient sur les toitures comme une lèpre végétale, et ajoutaient une tristesse de plus à la tristesse générale. L’église, close et muette aussi, formait le côté sud du parallélogramme avec sa tour carrée qui dominait la foule des maisons et sa statue équestre de san Yago, le gynète espagnol, dont le cheval, depuis longtemps, ne galopait plus que