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Pendant la nuit, les secousses de la cloison, jointes aux trépignements, aux soubresauts et aux culbutes qui ébranlaient de telle sorte la toile du plafond, qu’on eût cru que tous les rats de la contrée s’étaient donné rendez-vous en ce lieu, me démontrèrent victorieusement l’opportunité des bouchons de feuilles. Sans la sage précaution qu’avait cru devoir prendre ma cuisinière, j’étais rongé jusqu’aux os. Un moment j’eus l’idée de me lever et de fuir ce repaire ; mais, en songeant que la luzerne, végétal antipathique aux surmulots, mettait entre eux et moi une barrière infranchissable, je ne tardai pas à me rendormir, bercé par la tempête qui mugissait au-dessus de ma tête.

Le lendemain, après un repos de douze heures, la première chose que j’aperçus, en entrant dans la varanda, fut la nappe mise ; la seconde fut ma ménagère, occupée de fouetter le chocolat qu’elle me destinait. J’attaquai immédiatement le côté solide du déjeuner, et quand j’en fus au théobrome, dont la préparation savante faisait honneur au talent d’Antuca, j’interpellai cette dernière au sujet des arrangements qu’il me faudrait prendre avec les habitants du pueblo d’Umaro, pour l’approvisionnement du garde-manger, que je désirais tenir sur un pied de guerre. Mais, à mon grand étonnement, elle m’apprit que le pueblo, ne produisant rien, ne se trouvait en mesure de rien fournir, et que, depuis