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La vallée, développée de l’ouest à l’est et large d’une lieue à peine, était bordée dans toute sa longueur par une double ligne de hauts pitons de figure conique et boisés de la base au sommet. À l’ouest, un plan de montagnes du vert le plus sombre et le plus velouté fermait l’horizon comme une muraille et servait de repoussoir aux neiges d’Apu et de Choquechanca, doucement azurées du côté de l’ombre et roses du côté du levant. Deux torrents, nés dans le nord-ouest et le sud-ouest, le Kellunu (eau jaune), et le Ccachi (salé), tombaient de ces montagnes. qu’ils rayaient de deux traits d’argent, développaient à l’est leur cours parallèle, et formaient, en se réunissant après un trajet d’une lieue, un triangle isocèle, au sommet duquel, sur une colline aux pentes rapides, s’élevait le village de Marcapata, composé de cent dix chaumières et d’une église à clocher carré et à toit de paille.

Placé sur le bord de cette colline, je voyais à droite et à gauche reluire et serpenter les deux torrents et s’arrondir élégamment la cime des forêts qui bordaient leurs rives. La hache et le feu y avaient fait de larges trouées et sacrifié la beauté du site aux besoins de l’homme. Le maïs, les courges, le piment, les pastèques et les luzernes, recouvraient d’un manteau bariolé l’emplacement qu’avaient occupé les grands arbres et les massifs de lianes. À côté de ces défrichements, qui pouvaient remonter à une dizaine