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nuits pareilles, et, pour corroborer leur dire par une preuve, ils se mirent à tousser avec acharnement. Comme cette santé dont ils parlaient, m’était aussi chère que leur affection, et qu’en exposant l’une je pouvais perdre l’autre, je leur offris les deux seules choses qu’il fût en mon pouvoir d’offrir, c’est-à-dire un verre de rhum pour conjurer le brouillard matinal, et la facilité de retourner à Cuzco après le déjeuner. À la honte de l’humanité, cette proposition que j’aurais cru devoir soulever leur indignation, fut accueillie par eux avec enthousiasme. Deux d’entre eux, cependant, votèrent pour le verre de rhum et contre la séparation. Mais, comme je ne vis dans leur opposition au vœu de la majorité qu’une de ces politesses banales dont l’Espagnol est très-prodigue, au lieu d’y répondre, je ne fis qu’en rire et je n’y songeai plus.

Nous quittâmes notre volière, et tandis que nos amis allaient pousser une reconnaissance dans le village et continuer sur les villageoises les études psychologiques qu’ils avaient commencées à Lauramarca, je pris le premier sentier qui s’offrit à moi, et, après quelques minutes de marche à travers des broussailles et de hautes herbes, j’atteignis le bord d’une éminence, d’où mes regards embrassèrent à la fois tous les environs.

Ce côté des Andes, que je voyais pour la première fois, offrait au lever du soleil un tableau charmant.