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seuil des portes, des torches résineuses flambèrent au bout des bâtons : les trompettes, les cornes d’ammon, les flûtes et les charangos, s’unirent aux vociférations des spectateurs, pour accompagner le zapateo qu’exécutèrent une douzaine de danseurs des deux sexes.

Je profitai de l’attention que nos amis prêtaient à cette danse nationale pour faire le tour du domaine. Un édifice de forme singulière attira mes regards. C’était un parallélogramme soutenu par des contreforts et dont la toiture en dos d’âne était percée de quatre œils de bœuf par lesquels s’échappait une vive lumière. Comme la porte n’en était fermée qu’au loquet, je l’ouvris et me trouvai dans une chapelle. Les murs lisses et sans ornements, étaient blanchis à la chaux et vernis à la glu de cactus. Une image de la Vierge, de grandeur naturelle, sculptée en pierre de Huamanga, transparente comme l’albâtre, s’élevait sur un cube de granit qui servait d’autel. Un grand nombre de cierges brûlaient devant elle, mêlés à de grosses touffes de lis blancs[1] qui trempaient dans des potiches aux flancs larges et au col grêle, et dont l’odeur enivrante emplissait l’atmosphère. Entre cette chapelle si simple et pour-

  1. C’est notre lilium candidum, importé d’Europe par les premiers colons espagnols. Les Indiens qui habitent les fermes situées au revers oriental des Andes, le cultivent et l’apportent pour le vendre dans les villes de la sierra.