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duler, une fanfare aiguë traversa l’air et vint déchirer nos oreilles. À la qualité du son, nous reconnûmes ces trompettes en fer-blanc que les Indiens embouchent volontiers dans leurs jours de réjouissance. La curiosité, en même temps qu’un appétit féroce, nous fit précipiter le pas de nos montures, qui ne tardèrent pas à nous déposer au milieu de la cour d’honneur. Des mozos basanés et chevelus vinrent nous aider à mettre pied à terre, tandis que d’autres montraient à nos gens le chemin du lavoir et des écuries. À peine avions-nous eu le temps de donner un coup d’œil d’amateur à la disposition intérieure du logis, que son propriétaire, un vieillard respectable, parut à la porte, les bras ouverts, le sourire aux lèvres, et nous invita à entrer. Comme nos amis le connaissaient depuis longtemps, ils acceptèrent son invitation sans plus de cérémonie, et nous pénétrâmes pêle-mêle dans la salle à manger, où, devant une table abondamment servie, étaient assises quelques personnes du beau sexe. La nuance de leur peau, leurs robes à volants et leur chapeau tromblon posé sur l’oreille, indiquaient qu’elles appartenaient à l’estimable classe des chacareras ou fermières. Malgré certain trouble dont ces dames ne purent se défendre en nous voyant prendre place auprès d’elles, trouble qui nous fut révélé par une subite rougeur, je crus m’apercevoir qu’elles n’étaient pas trop fâchées d’une adjonction de convives