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Petan de cent milles. On dit qu’elle a de circuit deux mille milles. Cette île est divisée en huit royaumes, et les habitants ont une langue particulière. Elle produit divers parfums qui ne sont point connus en notre pays. Les habitants sont idolâtres. Cette île est si avancée du côté du midi, que l’étoile tramontane (étoile polaire) n’y peut plus être vue[1]. Moi Marco j’ai été dans cette province, et j’ai parcouru six de ses royaumes, à savoir celui de Ferlech, celui de Basman, celui de Samara, celui de Dragoiam, celui de Lambri et celui de Fansur ; je n’ai point été dans les deux autres.

XIV
Du royaume de Ferlech.


Les habitants de ce royaume, qui occupent les montagnes, ne suivent aucune loi, mais vivent en bêtes, adorant la première chose qui se rencontre le matin dans leur chemin. Ils mangent la chair des animaux purs et impurs, et même celle des hommes. Ils sont mahométans, ayant appris cette loi des marchands saracéniens qui viennent là.

XV
Du royaume de Basman.


Il y a dans ce royaume une langue particulière, et les habitants vivent en bêtes. Ils reconnaissent le Grand Khan pour leur seigneur, mais ils ne lui payent aucun tribut, si ce n’est qu’ils lui envoient quelquefois des présents de bêtes sauvages. On trouve là une grande

  1. L’île de Sumatra est en effet placée sur la ligne équatoriale, point extrême de visibilité de l’étoile polaire, que les anciens marins appelaient la tramontane. On sait que l’expression proverbiale perdre la tramontane est un souvenir du temps où, la boussole n’étant pas inventée, les navigateurs ne pouvaient plus se diriger quand ils cessaient de voir l’étoile correspondant au pôle boréal.