La tempête étant apaisée, les habitants de l’île de Zipangu vinrent avec beaucoup de vaisseaux et en grand nombre pour attaquer les Tartares qui étaient sans armes dans cette petite île, où ils ne pouvaient recevoir du secours de personne. Ayant donc mis pied à terre, et laissé leurs vaisseaux près du rivage, ils allèrent chercher les Tartares ; mais ceux-ci, usant de prudence, se cachèrent non loin du bord de la mer, en attendant que les arrivants fussent un peu loin. Alors ils sortent de leurs retraites, entrent dans les vaisseaux des Zipanguiens, et se sauvent adroitement du danger, en laissant leurs ennemis dans l’île. Et allant de ce pas à l’île de Zipangu avec les pavillons et les enseignes zipanguiens, qu’ils avaient trouvés dans les vaisseaux, ils se rendirent dans la principale ville de l’île. Les habitants, voyant les enseignes de leur nation et croyant que c’étaient leurs gens qui revenaient victorieux, sortirent au-devant d’eux et les introduisirent, sans les savoir leurs ennemis, dans leur ville. Ceux-ci, y étant, les chassèrent tous, excepté quelques femmes.
Or le roi de Zipangu, ayant appris tout ce qui se passait, renvoya d’autres vaisseaux pour délivrer ses gens, qui étaient enfermés, comme nous avons dit, dans la petite île. Il assiégea la ville que les Tartares avaient surprise, et il en fit fermer toutes les avenues avec tant de diligence qu’il ne pouvait sortir ni entrer personne. Car il jugeait très nécessaire que les Tar-