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chefs, dont chacun commande trois mille hommes ; leur office est, comme nous avons dit, de garder le roi jour et nuit ; c’est pourquoi ils sont nourris à la cour. Voici l’ordre qu’ils tiennent à la garde : chaque commandant fait la garde avec ses trois mille hommes ; après quoi il est relevé par un autre commandant avec aussi trois mille hommes, et ainsi alternativement pendant toute l’année. Ce n’est pas que l’empereur ait rien à craindre, mais il fait ainsi éclater davantage sa magnificence.

XIII
Du magnifique appareil de ses festins.


Voici de quelle manière on procède dans la pompe et la somptuosité des festins du roi. Lorsque, pour quelque fête ou pour quelque autre raison, le roi veut donner un festin, ce qui se fait ordinairement dans la grande cour de son palais, la table où il doit manger est portée à la partie septentrionale de la cour, et plus élevée que les autres tables. Quand le roi se met à table, il a le visage tourné du côté du midi, ayant à sa gauche la première reine, et à sa droite ses fils et ses neveux, et tous ceux qui sont de la maison royale. Leur table est cependant plus basse, en sorte que leurs têtes sont à hauteur des pieds du roi ; les barons et courtisans et autres officiers de guerre sont encore dans un lieu plus bas, ayant chacun leurs femmes à leur gauche ; chacun tient son rang, et les femmes suivent le rang de leurs maris. Car tous les nobles qui doivent dîner à la cour un jour de fête amènent leurs femmes avec eux ; et l’empereur même, pendant qu’il est à table, passe en revue des yeux tous les conviés. Hors de cette cour royale, il y a d’autres cours à côté, dans lesquelles, un jour de solennité, il y a quelquefois jusqu’à quarante mille conviés ; les uns sont des courtisans, d’autres viennent pour renouveler leur dépendance de l’empereur. Il y a grande quantité de farceurs