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car pendant cette saison ils sortent du pays à cause de la rigueur du froid. Après avoir quitté ces campagnes et cheminé pendant quarante journées sur l’orient et un peu au septentrion, on trouve l’Océan, sur les montagnes duquel les faucons ont coutume de faire leurs nids quand ils doivent passer la mer. On prend là ces faucons et on les porte à la cour du Grand Khan. Il y a dans ces parties septentrionales quelques îles qui avancent si près du septentrion, que l’étoile de tramontane (la polaire) y demeure quelque peu visible à midi.

LXII
Du pays d’Erigimul et de la ville de Singui.


Il nous faut retourner ici à la ville de Campition dont nous avons parlé un peu plus haut, afin de prendre de là notre route, pour parcourir les autres provinces qui nous restent à décrire. En partant donc de Campition et marchant du côté de l’orient par l’espace de cinq journées de chemin, on entend dans les lieux à moitié chemin des voix horribles de démons, pendant la nuit, jusqu’à ce qu’on ait atteint le royaume d’Erigimul, qui est un grand royaume sujet du Grand Khan. On trouve là des chrétiens nestoriens, des mahométans et des idolâtres. Il y a beaucoup de villes et de châteaux. De là, si l’on avance entre l’orient et le midi, on vient à la province de Cathay[1]. Il y a cependant entre le royaume de Cathay et celui de Cerguth une ville nommée Singui (Si-ning-fou), qui est tributaire du Grand Khan, dont les habitants professent aussi les trois susdites sectes. On trouve là des bœufs sauvages très beaux et grands comme des éléphants[2], ayant le poil noir et blanc de la longueur de trois paumes : Il y a de ces bœufs que l’on apprivoise et dont l’on se sert comme d’autres

  1. La Chine proprement dite.
  2. Le yack (Bos grunniens).