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grandeur du crime, ce qui va quelquefois jusqu’à cent, ajoutant toujours dix ; en sorte que parfois la mort s’ensuit. Mais si quelqu’un a volé un cheval ou autre chose qui mérite la mort, on lui ouvre le ventre ; si toutefois il a de quoi racheter sa vie, il doit réparer le vol en en payant neuf fois la valeur. C’est pourquoi ceux qui ont des chevaux, des bœufs, des chameaux, se contentent de les marquer au poil avec un fer chaud, et les envoient sans aucune garde à la pâture ; ils font seulement garder les petits animaux par des pasteurs. Ce furent là les premières coutumes des Tartares ; mais comme ils ont été depuis mêlés à différentes nations, ils ont beaucoup dégénéré de leurs premières lois, et se sont assujettis à celles des peuples avec lesquels ils se sont trouvés.

LXI
Des campagnes de Bargu et des îles qui sont à l’extrémité du septentrion.


Nous nous sommes un peu arrêtés aux coutumes et mœurs des Tartares ; maintenant nous continuerons à faire la description des autres provinces de l’Orient, en suivant le même ordre que nous avons tenu ci-devant. Ayant laissé la ville de Caracorum et la montagne d’Altaï du côté du septentrion, on vient aux campagnes de Bargu[1], qui ont quarante journées de long. Les habitants de ces cantons s’appellent Nerkistes, et obéissent au Grand Khan, observant les coutumes des Tartares. Ce sont des hommes sauvages et qui ne vivent que de leur chasse ; ils prennent particulièrement des cerfs, qui sont en abondance et qu’ils savent si bien apprivoiser qu’ils s’en servent comme des chevaux et des ânes ; ils n’ont ni blé ni vin. En été ils s’exercent beaucoup à la chasse des oiseaux et des animaux sauvages, dont ils mangent la chair pendant l’hiver,

  1. Dans les environs du lac Baïkal. (P.)