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portent partout avec eux, car ils peuvent les plier, les tendre, les dresser et les détendre à leur fantaisie ; ils les dressent de manière que la porte regarde toujours le midi. Ils ont aussi des espèces de chariots couverts de feutre, dans lesquels ils mettent leurs femmes, leurs enfants et tous leurs ustensiles, où ils sont à couvert de la pluie, et qui sont traînés par des chameaux.

LVI
Des armes et des vêtements des Tartares.


Les armes dont les Tartares se servent au combat ne sont point de fer, mais faites de cuir fort et dur, tel que le cuir des buffles et des autres animaux qui ont le dos le plus dur. Ils sont fort adroits à tirer de l’arc, y étant exercés dès leur jeunesse. Ils se servent aussi de clous et d’épées, mais cela est rare. Ceux qui sont riches sont habillés de vêtements de soie et d’or, qui ont des doublures de fines peaux de renards ou d’armelines, ou d’autres animaux appelés vulgairement zibelines, qui sont les plus précieuses de toutes.

LVII
Du manger des Tartares.


Les Tartares se nourrissent de viandes fort grossières ; leurs mets plus ordinaires sont la viande, le lait et le fromage. Ils aiment fort la venaison des animaux purs ou immondes, car ils mangent la chair des chevaux et de certains reptiles qui sont chez eux en abondance. Ils boivent le lait des cavales, qu’ils préparent de telle manière qu’on le prendrait pour du vin blanc, et qui n’est pas une boisson trop mauvaise ; ils l’appellent chuinis[1].

  1. Le khoumis, dont l’usage est encore général parmi toutes les peuplades tartares. — Voy. Rubruquis, chap. VI.