Page:Marco Polo et al. - Deux voyages en Asie au XIIIe siècle, 1888.djvu/177

Cette page a été validée par deux contributeurs.

vince de certains ermites qui servent les idoles dans des monastères et des cellules. Ils adorent leurs dieux par de grandes abstinences, ce qui fait qu’on les honore beaucoup et qu’on a grand’peur de les offenser en transgressant leurs cruels commandements ; d’où vient que ces ermites sont en grand honneur parmi le vulgaire.

XXXVII
De la province Vocam et de ses hautes montagnes.


Nous nous trouverions encore ici près des Indes, si je suivais ma première route ; mais parce que j’en dois faire la description dans le troisième livre, j’ai résolu de prendre un autre chemin et de revenir à Balascia, prenant ma route entre le septentrion et le midi. On vient donc en deux jours à un certain fleuve (l’Oxus), le long duquel on rencontre beaucoup de châteaux et de maisons de campagne. Les habitants de ces cantons sont de bonnes gens, bons guerriers, mais mahométans. À deux journées de chemin de cet endroit, on entre dans la province de Vocam (Wakkan), qui est sujette du roi de Balascia, ayant trois journées de chemin de long et de large. Les habitants ont une langue particulière et font profession de la loi de Mahomet. Ils sont vaillants guerriers et bons chasseurs, car ce pays-là est rempli de bêtes sauvages. Si de là vous allez du côté de l’orient, il vous faudra monter pendant trois jours jusqu’à ce que vous soyez parvenu sur une montagne, la plus haute qui soit dans le monde[1]. On trouve là aussi une agréable plaine entre deux montagnes, où il y a une grande rivière, le long de laquelle il y a de gras pâturages où les chevaux et les

  1. Le Bam-i-douniah (ou Cime du monde), dont certain sommet s’élève à 5,800 mètres au-dessus du niveau de la mer.