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trouve une belle et grande plaine, qui produit de tout ce qui est nécessaire à la vie ; il y a surtout du blé en abondance. Les habitants ont aussi des dattes et d’excellents fruits en quantité ; ils ont aussi des bains fort salutaires pour la guérison de plusieurs sortes de maladies.

XXV
Du pays qui est entre Kerman et la ville de Cobinam.


En allant ensuite de Kerman à Cobinam (Kabis ?) on trouve un chemin fort ennuyant. Car outre qu’il est long de sept journées, on n’y trouve point d’eau ou fort peu. Encore sont-elles fort salées et amères, étant de couleur verte comme si c’était du jus d’herbes ; et si l’on en boit, on a le flux de ventre. La même chose arrive quand on use du sel fait de cette eau. Il est donc à propos que les voyageurs portent d’autre eau avec eux, s’ils ne veulent pas s’exposer à mourir de soif. Les bêtes même ont horreur de cette eau, lorsqu’elles sont obligées d’en boire ; et quand elles en ont bu, elles ont aussitôt le même mal que les hommes. Il n’y a dans ces déserts aucune habitation d’hommes ni de bêtes, excepté les onagres ou ânes sauvages, le pays ne produisant ni de quoi manger ni de quoi boire.

XXVI
De la ville de Cobinam.


Cobinam est une grande ville, qui est riche en fer et en acier, et en audanic (antimoine). On y fait aussi de très grands et de très beaux miroirs d’acier. On y fait encore un onguent propre au mal des yeux, qui est comme une espèce d’éponge, et se fait en cette manière : ils ont en ce pays-là des mines dont ils tirent la terre et la cuisent dans des fourneaux ; la vapeur qui monte va dans ce récipient de fer et devient matière,