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avancés en civilisation, était resté le Tartare vivant de la vie en quelque sorte sauvage de ses pères. Cette vie, ses premiers descendants la continuèrent, bien que par la conquête ils fussent en contact avec l’état social dont le merveilleux tableau devait faire paraître imaginaires les relations de Marco Polo.

À quelques années près, c’est-à-dire à la distance d’un règne assez court, tout autres eussent été pour Marco Polo et l’accueil du monarque et l’aspect de la région et de la cour où il eût été reçu. La preuve nous en est fournie par le très curieux récit qui, dans le présent volume, précède celui du Vénitien.

Vers le milieu du treizième siècle, le roi Louis IX, alors engagé dans sa première croisade, avait ouï dire que le grand khan des Tartares mongols, petit-fils de Djengis, avait témoigné d’assez formelles sympathies à un prince chrétien d’Arménie. Il lui sembla de bonne politique de chercher, par delà les limites de l’islam qu’il combattait, de puissantes alliances morales, dont l’influence pût, au cas échéant, fournir un appui efficace aux revendications des peuples chrétiens. De Chypre, où il était alors, il députa donc une ambassade caractérisant bien les idées qu’elle devait tâcher