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entre eulx defendu & prohibé, qu’en cela l’un ne face injure à l’autre. Toutesfois ilz estiment chose honneste & licite, que chascun puisse espouser autant de femmes qu’il en peult nourrir, combien que la premiere soit tousjours reputée la principale & plus honnorable. Hors mis leurs sœurs ilz peuvent espouser toutes leurs parentes en quelque degré qu’elles soient, en ligne collaterale, mesmes leur belle mere apres le deces de leur pere, aussi le frere peult espouser la veuve de son frere. Les hommes ne reçoivent aucun dot de leurs femmes, mais au contraire leur en assignent, & à leurs meres. A cause du nombre des femmes, les Tartares ont plusieurs enfans, & toutesfois la grande multitude de femmes ne leur est point trop griefve & onereuse, car elles travaillent & de leur labeur gaignent beaucoup. Oultre ce, elles sont fort curieuses & soigneuses pour le gouvernement de leur famille, & appareiller le boire & le manger de leurs mariz. Et n’ont pas moins de solicitude pour l’entretenement de la maison & choses domestiques. Quant aux hommes ilz s’employent à la chasse aux bestes saulvaiges, & au vol des oyseaulx, ou à l’exercice des armes. Les Tartares nourrissent de grands trouppeaulx de beufz, moutons, & autre bestail, avec lesquelz ilz demourent es lieux de pasturaige, assavoir en esté es montaignes & lieux plus froidz, esquelz ilz trouvent du boys, & bons pasturaiges pour leur bestail, & en hyver ilz se retirent es pays chaulx, esquelz ilz trouvent des fourrages pour leurs bestes. Ilz ont de petites maisonnettes