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ra de telle lumiere ne de telle efficace en son action, obstant la grande froidure du pays, comme es autres lieux plus bas. En passant oultre & tirant entre l’Orient & Septentrion, on chemine par montaignes, coustaulx & vallées ou lon trouve plusieurs rivieres, toutesfois Le desert de Belor.n’y a aucune herbes, & s’appelle ceste region Belor, laquelle en tout temps porte figure & face de l’hyver, & continue en ceste triste superficie la distance de quarante journées de chemin, pendant lesquelles il est necessaire de porter avec foy bonne provision de vivres afin d’y passer seurement : toutesfois on descouvre en aucuns endroictz quelques maisonnettes & habitations d’hommes, sur les crouppes des plus haultes montaignes, mais les habitans d’icelle sont meschantz tout oultre, & cruelz, adonnez à l’idolatrie, qui ne vivent que de proye & chasse, & sont vestuz de peulx de bestes sauvaiges.


De la province de Cassar.         Chap.   XXXVII.



En continuant ce chemin on vient à la province de Cassar, laquelle est tributaire au grand Cham. En icelle y a vignes, jardins, arbres fructiers, cottons, & terres labourables : las habitans ont langaige particulier & different des autres : sont communement Marchans avares.marchandz & artisans, qui courent & traffiquent par toute la province pour gaigner & proffiter : ilz sont tant affectionnez à acquerir richesses, qu’ilz n’osent à