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mandement quand le cas s'y offrira, je vous asseure que serez participans des joyes que puisnagueres avez veuës. Au moyen de quoy ces pauvres malheureux reputoient la mort leur estre grand gain & proffit, & ne leur estoit enjoinct chose si difficile & hazardeuse, que voluntairement ilz n'entreprinssent pour parvenir à ceste grande felicité & beatitude. Parquoy ce tyran abusoit & s'aidoit de ces jeunes hommes hardyz & desesperez, pour executer infiniz meurdres & homicides, car ilz abandonnoient leur vie, & mesmes ne tenoient compte de mourir, & en telle sorte par le commandement du vieillard couroient & pilloient de tous costez, estans de tous crainctz & redoubtez, & sans que aucun osast resister à leurs entreprinses, en ce faisant advenoit que de plusieurs endroictz les seigneurs estoient contrainctz se faire tributaires à luy. Ruyne du tyran & de ses gens. Toutesfoys en l'an mil deux cens soixantedeux Allau Roy des Tartares vint assieger le chasteau de ce tyran, affin de chasser & exterminer de son pays ceste dangereuse vermine. Et apres l'avoir poursuivy par troys ans, finablement le print avec tous ses assasmes par famine, lors que tous les vivres leur furent defailliz, lesquelz il feit mourir, & leur lieu & habitation totallement destruicte & raser, en sorte qu'a present n'en reste plus que les vestiges de la ruine d'un si beau lieu de plaisance.