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nudz, n’ayans aucune partie de leurs corps couverte, dont ilz dient n’avoir honte pource qu’ilz sont sans tache de peché. Ilz adorent les beufz, & en grande ceremonie & reverence frottent leurs corps de certain unguent qu’ilz font de la moelle extraicte des os broyez des beufz. Quand ilz mangent ilz n’ont aucunes escuelles, mais ilz mettent leurs viandes sur des fueilles seiches cueillies de certains arbres qui portent des pommes de paradis, ou sur quelques autres fueilles seiches. Jamais ne mangent sur fueilles freschement cueillies. Semblablement ne mangent d’herbe verde ne fruict recent : car ilz dient que tout cela estant encores en verdure, & vie & une ame, & pour ceste cause ne les veulent tuer & faire mourir : ce qu’ilz estimoient a grand peché & offense s’ilz avoient privé aucune creature de sa vie. Ilz reposent sur la plaine terre : & les corps des trespassez ilz les font brusler.


Du royaume de Coylum.     Chap.   XXXI.



Si en delaissant la province de Maabar on passe oultre, se presentera a distance de deux cens lieuës ou environ le royaume de Coylum, auquel habitent plusieurs Chrestiens, Juifz & Payens indifferemment. Le Roy n’est tributaire ne subject a aucun superieur. Semblablement ont les habitans du pays langage propre & peculier : & y croist le poyvre en grande abondance, car les forestz & cam-