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quand aucun d’eulx tumbe en grande infirmité de maladie, ses voisins & parentz assemblent les Magiciens & enchanteurs, & s’enquierent d’ulx si le malade doibt recouvrer guarison : a quoy ilz repondnt ce qu’ilz en sçavent par la suggestion des diables : & s’ilz dient que le malade ne peult venir a convalescece, ains qu’il luy convient mourir de telle maladie : incontinent ilz s’approchent du malade, & luy ferment la bouche, en telle sorte qu’il ne pisse respirer, ainsi le suffoquent & font mourir au paravant que la maladie l’ayt grandement attenué, puis le divisent en pieces qu’ilz font cuyre, & le mangent en grande solénité, y assmblans tous les voisins & prochains parens du defunct. Car ilz dient que si la chair estoit par longue maladie reduicte a putrefaction, elle se convertiroit en vers, lesquelz finablement se consumeroient & mourroient de faim, dont l’ame du defunct souffriroit griefves peines & tormens. Et au regard des os du defunct ilz les ensepvelissent& enferment dans les creux des montaignes, ou les hommes ne bestes ne puissent attaindre. Et s’il advient qu’ilz prennent quelque homme d’estrange nation, s’il n’a a puissance de paye sa rançon & se rachepter par argent, ilz le tuent & mangent.


Du royaume de Lambri.   Cha. XVIII.



Il y a en ceste isle un autre royaume appellé Lambri, auquel provient grande quantité d’espiceries : mesmement certaines plantes qu’ilz appellent Byrces croissent en grande fer-