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le gingembre y croist en grande abondance : semblablement y croist une certaine fleur, qui ressemble au saffran, & toutesfois est d’autre espece, encores qu’elle soit mise en usaige pour saffran. Les habitans du pays mangent de grande affection la chair humaine, pourveu que ce ne soit d’un homme mort par quelque maladie. Quand ilz vont a la guerre chacun imprime en son front avec un fer chault certaine merque : & n’y à aucun d’entre eulx qui osast mener un cheval a la guerre, sinon le chef & capitaine de l’armée. Ilz usent pour armes d’espées & lances ou javelotz : & de ceulx qu’ilz tuent en guerre, ilz boivent le sang, & en mangent la chair : aussi ce sont gens trescuelz & inhumains.


Des villes de Quelinfu & Unquen.
Chapitre     LXVIII.



Apres avoir cheminé dedans le royaume de Concha par les six journées dont dessus avons parlé, on parvient a la ville de Quelinfu, qui est grande & bien renommée, assise sur une belle riviere qui l’environne & circuyt tout a l’entour, avec trois grandz pontz de pierre de taille, dont le parement de dessus est aorné de belles colomnes de marbre. Chascun pont contient de largeur quatre toyses, & de longueur cinq cens. En ceste ville y a grande abondance de soyes, ensemble de gingembre & galange. Les habitans d’icelle hommes