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voguer sur iceluy le nombre de cinq mil navires. Or les plus grandes naufz du pays ne contiennent qu’un estage, & n’ont qu’un mast pour soustenir & estendre la voille. Ilz n’usent point de cordes de chanvre, sinon pour le mast & la voille, mais ilz s’aydent de certains pilorches ou cordes faictes de grandz rouseaux, dont quelquesfois ilz se servent a tirer le long du fleuve leurs navires, & les font en telle maniere : Ilz fendent & divisent en pieces ces grandz rouseaux, dont les aucuns ont sept ou huict toyses de longueur, les boutz desquelz ilz lient les uns aux autres, & les retortent en telle façon, qu’ilz en font de grandes & longues cordes, & jusques a la longueur de cent cinquante toises, lesquelles sont plus fortes, que celles du chanvre.


De la ville de Caigui.     Chap.   LX.



La ville de Caigui est petite, assise sur le bord de ce gros fleuve de Quiam, vers la coste du vent de Syroch, au territoire de laquelle croist si grande quantité de bled & de riz, que de la on le transporte jusques a la court du grand Cham. Aussi qu’au chemin qui traverse d’un lieu en autre y à plusieurs grandz lacz & fleuves, lesquelz estoient si proches & a peu de sitance les uns des autres, que facilement le grand Cham les à faict joindre & assembler en un, en sorte qu’ilz sont a present capables pour porter & donner passaige aux navires,