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dedans, & tous ceulx qu’ilz rencontreroient les deschireroient & mangeroient. Et combien que les lyons y soient fort grandz, fiers & cruelz, toutesfois nature à pourveu au pays de chiens qui sont si fors & hardiz qu’ilz ne craignent d’assaillir les lyons : au moyen de quoy advient souventesfois qu’un homme qui sera bon archer, monté sur son cheval avec deux chiens renversera un lyon & le fera mourir : car les chiens quand ilz sentent approcher le lyon, avec grand abboy & clameur l’assaillent, mesmement quand ilz se voyent secouruz par l’ayde de l’homme, & ne cessent de mordre le lyon es parties de derriere & soubz la queuë combien que le lyon se revanche fierement, ouvrant la gueule pour espoanter les chiens, leur presentant & la dent & les ongles, & se retournant habillement d’une part & d’autre affin de les abbatre & desmembrer : neantmoins les chiens usent de grande ruse, & prevoient si bien que facilement le lyon ne les peult attaindre & blecer : joinct que l’homme de cheval luy presente le traict sur l’arbaleste bandée, ou la fleche sur l’arc tendu quand il s’efforce envahir les chiens. Et toutefois le lyon à de coustume fuyr quand il se voit ainsi assailly, craignant que par le grand bruit & abboy des chiens ne surviennent & soient provoquez sur luy d’autres hommes & chiens, ou bien s’en va acculer contre quelque arbre, ou il se fortifie, s’asseurant du derriere, & lors tournant la gueule ouverte contre les chiens, de toute sa force se defend d’eulx : mais ce pendant l’homme qui est a cheval ne cesse de